En homéopathie, Gelsemium est un remède utilisé pour traiter divers troubles, notamment les syndromes grippaux, la fièvre ainsi que l’anxiété et le stress. Mais, son efficacité soulève la controverse. Certains détracteurs de l’homéopathie minimisent cette efficacité et pensent plutôt que Gelsemium agit comme un placebo. Pourtant, bien d’autres personnes pensent qu’il s’agit d’une préparation homéopathique qui permet d’obtenir des résultats probants. Ainsi, la question relative à l’efficacité de Gelsemium est au cœur d’un débat entre les défenseurs et les détracteurs de l’homéopathie.

Au-delà de ce débat, une chose est certaine, Gelsemium est un remède naturel dépourvu d’effet toxique et qui peut être utilisé par les femmes enceintes. Il contient une quantité infinitésimale d’ingrédient actif caractérisé par des vertus thérapeutiques, avec des indications suffisamment distinctes pour résoudre divers maux bien spécifiques.

Gelsemium, qu’est-ce que c’est ?

Gelsemium est un remède qui a pour souche homéopathique, la racine du Gelsemium sempervirens, une plante vivace grimpante appartenant à la famille botanique des Loganiacées. Cette plante originaire du sud-est des Etats-Unis, est également appelée le jasmin de Caroline ou le jasmin jaune. La racine de cette plante contient des alcaloïdes, notamment la gelsémine, la scopolamine et la sempervérine.

Gelsemium est donc un remède d’origine végétale. Pour l’élaboration de ce remède, la teinture mère est d’abord préparée à partir de la racine fraîche du jasmin jaune, ensuite elle est diluée et dynamisée pour atteindre le degré de dilution souhaitée.

Les dilutions de Gelsemium sont comprises entre 2 CH (Centésimales Hahnemanniennes) et 30 CH, 4 DH (Décimales Hahnemanniennes) et 60 DH. Cette préparation homéopathiques se présente sous plusieurs formes galéniques : les granules, les doses globules, les solutions buvables (les gouttes et les ampoules), la poudre orale et la pommade.  

Gelsemium Sempervirens

Gelsemium est-il un placebo ?

Dans le domaine médical, un placébo est un médicament sans substance active. De ce fait, il ne déploie aucun effet pharmacologique susceptible de traiter une pathologie qu’il est censé traiter. Mais, un placebo peut dans bien des cas, présenter des avantages au niveau de la santé en agissant par l’entremise de l’effet placébo. Gelsemium est parfois considéré comme un placebo par certaines personnes. 

Qu’est-ce qu’un placebo ?

Dérivé du mot latin ‘’placere’’ signifiant littéralement ‘’je plairai’’, un placebo est tout ce qui a l’air d’être un vrai médicament, mais qui ne l’est pas en réalité. Il s’agit d’un faux traitement médical ou d’un faux  médicament, car en réalité, il est dépourvu de toute substance active. Il peut se présenter sous n’importe quelle forme galénique, mais ne contient aucun ingrédient actif susceptible d’affecter la santé d’un individu.

Le placebo est couramment utilisé en médecine, dans les recherches ou les essais cliniques en vue de tester ou de vérifier l’efficacité des nouveaux médicaments. Pour ce faire, un médicament supposé contenir une substance active est administré à un groupe de malade (groupe expérimental) tandis qu’un autre groupe de malade (groupe témoin) absorbe le placebo d’aspect identique au médicament qui est testé. Les membres de ces différents groupes ignorent ce qu’on leur administre ; ils ne savent pas s’ils ont pris le médicament ‘’actif’’ ou le placebo.

Les effets du médicament et du placebo sont, par la suite, comparés par les chercheurs au sein des deux groupes, en vue de déterminer l’efficacité du nouveau médicament. Un médicament est approuvé lorsqu’il est caractérisé par un effet qui est supérieur à celui du placebo. En dehors des essais cliniques, un placebo peut être administré à un sujet qui a imaginé sa maladie ou victime d’une maladie psychosomatique pour lui permettre de croire qu’un traitement lui est administré.

Qu’est-ce qu’un effet placebo ?

Dans les essais cliniques contrôlés, l’effet placebo est l’effet observé ou les résultats obtenus dans le groupe témoin, au sein duquel le placebo a été administré.

L’administration d’un placebo produit des effets. L’expression utilisée pour qualifier ces réponses est, effet placebo. Cet effet peut être d’ordre physique ou psychique pouvant induire des changements positifs mesurables ou une amélioration des symptômes, voire de l’état du malade. Le placebo peut avoir un effet bénéfique ou effet placebo. Alors, le sujet se sent mieux, mais cette amélioration n’est pas le fait d’une substance active, seulement le résultat des attentes du sujet : le fait d’avoir le sentiment qu’il a absorbé un médicament efficace et de constater qu’à chaque fois qu’il en prend, ce traitement améliore les symptômes qu’il éprouve.

  Medorrhinum

Il s’agit, en réalité, d’un effet associé à l’administration du placebo. C’est donc l’effet thérapeutique, apaisant ou curatif, qui survient après l’administration d’un médicament qui ne contient aucun principe actif.

Les effets placebo ont été le plus souvent observés dans les troubles tels que la dépression, les troubles du sommeil, la ménopause, les troubles liés à la douleur.

Le fonctionnement de l’effet placebo n’est pas suffisamment élucidé. Mais, il est mis en avant la capacité de l’organisme à produire une réaction positive sans avoir absorbé une substance active. Le potentiel d’auto-guérison semble alors prévaloir chez l’être humain et jouerait ainsi un rôle important dans la manifestation des réponses positives. Les attentes du patient en ce qui concerne le médicament sans principe actif, la croyance en son effet curatif, la personnalité du thérapeute et la relation avec ce dernier, sont des facteurs déterminants susceptibles d’enclencher les forces d’auto-guérison.

Qu'est-ce qu'un placebo ?

Gelsemium et placebo ou pourquoi certains détracteurs considèrent ce remède comme un placebo ?

Pour les détracteurs de l’homéopathie, Gelsemium, comme les autres médicaments homéopathiques, ne contient pas de principe actif, alors il s’agit d’un placebo. Selon eux, le principe d’élaboration de ce remède homéopathique basée sur les procédés de dilution de la substance de base, a pour résultat, une préparation homéopathique dépourvue de toute substance active. Autrement dit, les dilutions font disparaître le principe actif ou le remède est tellement dilué que la molécule active n’y est plus détectable.

Ainsi, les vertus de la substance active n’existent plus, conséquemment Gelsemium n’aurait aucun impact thérapeutique. Si le patient se sent mieux, cela résulte d’un effet placebo, car Gelsemium est présenté au patient comme étant un remède efficace, puis administré afin d’induire un effet d’ordre psychologique, c’est-à-dire, une suggestion psychothérapeutique. C’est le fait de croire en la possibilité d’être guéri par ce remède qui active chez le patient les forces qui favorisent la guérison. L’efficacité supposée de Gelsemium ne serait donc pas supérieure à celle d’un placebo. Aussi, le mode d’élaboration de Gelsemium et l’octroi d’approbation pour la mise sur le marché ne sont pas soumis à des études cliniques comme c’est le cas avec les spécialités pharmaceutiques. De ce fait, l’efficacité de Gelsemium n’a pas été scientifiquement prouvée par des essais cliniques. Ce remède pourrait tirer son efficacité du seul effet placebo puisqu’aucune recherche fondamentale ou clinique n’est parvenue à prouver son efficacité.

Gelsemium est-il un traitement homéopathique opérationnel ?

Gelsemium est une préparation médicamenteuse élaborée conformément au principe de l’homéopathie. C’est donc un traitement qui consiste à délivrer à des doses très faibles, une substance produisant chez une personne saine les mêmes symptômes que ceux qui sont présents chez une personne malade. C’est sur cette base conforme aux principes de l’homéopathie que Gelsemium est préparée et administrer pour soigner  divers maux. 

Les principes de base de l’homéopathie

L’homéopathie est caractérisée par trois principes de base : la loi de similitude, le principe de totalité et la règle d’infinitésimalité.

  • La loi de similitude

Décrit pour la première fois, au XVIIIème siècle, par un médecin allemand, Samuel Hahnemann (1755-1843), le terme homéopathie provient de deux mots grecs ‘’Omoios’’ (semblable) et ‘’Pathos’’ (souffrance). Il s’agit donc d’une méthode thérapeutique par les semblables. Elle est basée sur la loi de la similitude ou la loi des semblables, Similia similibus curentur («que le semblable soit soigné par le semblable») (1). Autrement dit, une substance qui est prise à grande dose, peut produire des symptômes chez une personne en bonne santé, mais elle peut être prise à petites doses pour guérir une personne malade qui manifeste les mêmes symptômes.

La loi de similitude
  • Le principe de totalité
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L’homéopathie considère l’organisme dans sa totalité et soigne l’individu en prenant en compte la totalité des symptômes (physiques et psychiques). Elle s’intéresse à l’individu dans sa globalité incluant à la fois le corps et l’esprit. Pour soigner, l’homéopathe, prend en compte le tempérament, les prédispositions à développer la maladie et l’état fondamental du patient. Ainsi, sur cette base, même si deux malades présentent les mêmes symptômes, il ne prescrira pas le même médicament.  

  • La loi de l’infinitésimalité

Conformément au principe de la loi de la similitude, les substances sont administrées à des doses infinitésimales, c’est-à-dire, à des doses infiniment petites. Pour ce faire, les substances d’origine animale, végétale, minérale sont diluées à des doses infinitésimales. Les remèdes homéopathiques sont obtenus après avoir subi une série de dilutions et de dynamisations. La hauteur de dilution est indiquée en nombre de CH (Centésimale Hahnemannienne). Selon le procédé mis au point par Hahnemann, elle correspond au nombre de dilutions au centième de la substance qui responsable des symptômes chez le sujet sain. Lorsque la substance est diluée au dixième selon le procédé hahnemannien, elle est indiquée en nombre de DH (Décimale hahnemanienne).

Gelsemium, un traitement homéopathique opérationnel

Un traitement homéopathique consiste à administrer des substances fortement diluées d’origine végétale, animale ou minérale. Ainsi, Gelsemium constitue un traitement homéopathique. Ce remède est préparé par le biais d’une série de dilutions successives d’une substance active, la racine du jasmin jaune qui est alors appelée «souche», désignée par son nom latin, Gelsemium sempervirens. Cette souche homéopathique provient du règne végétal. Pour supprimer toute toxicité, cette souche est diluée selon la technique hahnemannienne qui est la plus courante (notée DH au dixième et CH au centième) ou selon la technique korsakovienne (notée K) mises au point par le médecin russe, le Dr Korsakov (1788-1853). Elle est donc soumise à de multiples dilutions. Chacune des dilutions infinitésimales successives est mélangée par agitation (dynamisation). Autrement dit, après chaque dilution, la substance de base est fortement secouée ou dynamisée. Elaborée avec cette technique homéopathique associée à des dilutions et des dynamisations, la substance (la racine de jasmin jaune) perd ses propriétés toxicologiques pour ne conserver que les propriétés thérapeutiques.

En effet, le jasmin jaune est une plante toxique et vénéneuse. La racine qui contient des alcaloïdes, est également toxique et produit des symptômes d’intoxication, à fortes doses, au niveau du système nerveux, avec entre autres, une dépression du système nerveux, des vertiges, un état de paralysie, des maux de tête, une vision double, la fatigue musculaire.

Mais, à dose homéopathique ou infinitésimale, cette racine fait office de remède et permet de traiter les divers symptômes qui se manifestent lors de l’administration de la racine toxique. Ainsi, conformément aux principes de la loi de la similitude et de l’infinitésimalité, la racine de jasmin jaune qui rend malade à forte dose, guérit à faible dose ou à dose infinitésimale.

Conséquemment, Gelsemium disponible en pharmacie sous plusieurs formes galéniques, peut être utilisé en présence de divers symptômes. Lorsqu’il constitue le remède approprié, il est prescrit par le médecin homéopathe qui précise la dilution et le dosage en fonction de l’état de santé du patient et des symptômes caractéristiques.

Gelsemium est-il un remède homéopathique efficace ?

Pour les partisans de l’homéopathie, Gelsemium est un remède (et non un placebo). Il est constitué d’une substance active dotée de diverses propriétés susceptibles de traiter divers maux.

  Causticum

Gelsemium n’est pas un placebo !

Pour les détracteurs de l’homéopathie, Gelsemium est un placebo parce qu’il est dépourvu de substance active, car les diverses dilutions ne permettent pas de la préserver dans la préparation homéopathique. Pour les défenseurs de l’homéopathie, Gelsemium contient un principe actif qui ne disparaît pas à la suite des séries de dilutions.

‘’Des tests effectués sur la plus haute dynamisation homéopathique (30 CH) de Gelsemium sempervirens (Jasmin jaune, médicament homéo très commun) détectent 36 microgrammes de matière         spécifique par gramme de            solution’’(2).

Ainsi, même avec les dilutions très hautes, des éléments de la substance active sont encore disponible dans ce remède homéopathique.

D’autres tests ont également révélé l’efficacité de Gelsemium, notamment l’action des doses infinitésimales au niveau d’une hormone présente dans le sang et le cerveau, l’allopregnanolone.

En effet, ‘’Une équipe a émis l’hypothèse que ce médicament agisse en régulant la sécrétion d’allopregnanolone, (hormone synthétisée par le système nerveux). Des chercheurs ont testé trois dilutions homéopathiques de Gelsemium et de gelsemine « alcaloïde présent dans la teinture mère de Gelsemium, sur le système nerveux central ; les résultats ont montré qu’elles stimulent effectivement la synthèse de l’allopregnanolone, notamment en 5 et 9 CH’’(3).

Quelles sont les propriétés de Gelsemium ?

La racine du jasmin jaune qui s’avère particulièrement toxique en cas d’absorption et constitue la souche du remède Gelsemium, se distingue par des propriétés médicinales :

  • antinévralgique ;
  • anxiolytique ;
  • analgésique ;
  • antispasmodique ;
  • sédative.

Contre quels maux, Gelsemium constitue-t-il un traitement opérationnel ?

Gelsemium est un remède homéopathique particulièrement efficace pour lutter contre plusieurs maux au nombre desquels figurent : l’anxiété, les symptômes grippaux et la fièvre.

L’anxiété

Gelsemium est un médicament homéopathique utilisé en cas d’anxiété ou de trac se manifestant par une peur juste avant un examen, un concours, un rendez-vous, la prise de parole en public. Il facilite le sommeil en cas d’insomnie liée à l’anxiété. Il est également indiqué en cas de chocs affectifs ou émotionnels intenses, de trac associé à une diarrhée, une émission fréquente d’urine ou des troubles de la mémoire. Il s’agit d’un remède bénéfique aux personnes victimes d’un état dépressif, d’une fatigue nerveuse ainsi que les sujets hypersensibles au stress psychologique. Les autres indications liées à la prescription de ce remède sont, des états de stress liés à l’angoisse, un choc affectif ou qui se manifestent par des tremblements, des pertes de mémoire.

Aussi, Gelsemium n’est pas un remède toxique et peut être utilisé chez la femme enceinte, dès les premiers signes du travail ou pour apaiser l’angoisse de l’accouchement.

La grippe et les symptômes grippaux

La grippe est une infection virale caractérisée par divers symptômes. Gelsemium est bien indiqué lorsque cette infection apparaît ainsi que les symptômes qui sont liés à celle-ci. Il s’agit d’une grippe associée à un état d’abattement physique, des courbatures, des maux de tête. Les symptômes de cette grippe comprennent également, des frissons, un état fiévreux, des tremblements intenses, des muscles endoloris, une lourdeur au niveau de la tête, une somnolence, une fatigue générale et une absence de soif.

La fièvre

La fièvre est une élévation anormale de la température corporelle, supérieure à 38°C. Gelsemium est un remède naturel qui aide grandement les sujets victimes d’une fièvre marquée par une température qui s’élèvent lentement, des vertiges, des douleurs au niveau des muscles, un frisson qui parcourt le dos. Les maux de tête qui surviennent sont aggravés par le moindre mouvement.

La migraine

Gelsemium constitue un traitement efficace contre la migraine, une forme particulière de mal de tête généralement violent et difficile à supporter. Il est utilisé lorsque des troubles visuels précédent la crise migraineuse. Il soulage les migraines ophtalmiques marquées par une vue double ou par d’autres troubles visuels avant la manifestation de la douleur. Cette migraine est associée à une impression, celle d’avoir la tête serrée dans un étau. La douleur peut siéger du côté droit de la tête. Aussi, cette douleur est aggravée par la lumière, le bruit, le mouvement et les chocs.

En plus de la migraine, Gelsemium permet également de traiter d’autres troubles neurologiques tels que la paralysie de la face ou les tremblements d’origine émotionnelle.

Sources :

  1. Elodie Masson et Jean François Bergmann : Homéopathie: n’y aurait-il donc qu’un effet placebo, Société Nationale Interne de Médecine, 2014
http://www.snfmi.org/sites/default/files/old/homeopathie.pdf

2. Communiqué de UNIO           HOMEOPATHICA  BELGICA : L’homéopathie outrée des ‘fake news’ ! 

http://www.homeopathie-unio.be/uploads/files/unprotected/Presse/Fake%20news-FR7.pdf

3. Laboratoires Boiron : Mieux comprendre les mécanismes d’action

http://www.boiron.be/Boiron/Recherche-et-developpement/Mieux-comprendre-les-mecanismes-d-action.aspx