Communément dénommé burn-out, le syndrome d’épuisement professionnel se traduit par divers symptômes (dépression professionnelle, état de stress prolongé, anxiété généralisée, …) induits par une souffrance psychique et/ou psychologique liée au travail. Les autorités médicales et les spécialistes de la prévoyance sociale ne le considèrent pas comme une maladie à proprement parler de sorte que le mal ne figure sur aucun tableau de maladies professionnelles. Dans les lignes qui suivent, nous faisons le constat de l’ampleur du mal avant d’en présenter les raisons.
Constat
Une étude a montré qu’entre 2007 et 2012, la souffrance psychique liée au travail a touché 1,1 % à 1,4 % des hommes travailleurs et 2,3 % à 3,1 % des femmes salariées. Ce mal chronique dont se plaignaient environ 30 000 travailleurs français, touche aujourd’hui plus de 3,2 millions de salariés en France et plusieurs centaines de milliers de demandes de reconnaissance sont encore en attente chaque année sur la table de l’Assurance maladie !
Sous la houlette de la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale, François Bourdillon, directeur général de Santé Publique France et Christophe Dejours, professeur titulaire et chercheur au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) ont tenté d’expliquer le mal, tout en faisant quelques précisions sur les raisons de son explosion.
Un abus de langage ?
Devant la mission d’information parlementaire sur l’épuisement professionnel, le professeur Christophe Dejours indique que le vocable « burn-out » concernait, à l’origine, notamment au début des années 80, des malades, précisément des toxicomanes américains, avant de s’étendre à leurs aidants sociaux et au personnel soignant, tous gagnés par une crise de démotivation induite par la récurrence des échecs des prises en charge.
Pour le professeur, ce terme aujourd’hui à la mode mais jadis propre à une difficile relation de soin n’aurait pas dû s’appliquer aux relations commerciales, de services ou autres, ni être synonyme du syndrome d’épuisement professionnel. Il s’agirait donc d’un abus de langage, qui en ajoute à la difficulté du sujet. C’est aussi le point de vue de l’Académie de médecine qui ne considère pas le burn-out comme une pathologie, au sens médical du terme.
Le paradoxe du nombre d’heures travaillées
Le chercheur Christophe Dejours précise que l’épuisement professionnel est un mal ancien. Au XIXème siècle, on pensait qu’il était étroitement lié au nombre d’heures passées au travail. En effet, avec le capitalisme de ce siècle, hommes, femmes et enfants s’épuisèrent régulièrement en travaillant pendant 16 heures chaque jour ouvré. Pour remédier au mal, le nombre d’heures travaillées a été revu à la baisse. Aujourd’hui, on ne travaille plus que 8 heures par jour. Et pourtant les cas de souffrance psychique liée au travail sont de plus en plus nombreux !
Une meilleure prise de conscience
Une meilleure prise de conscience des travailleurs et des médecins du travail serait la première raison de l’explosion du nombre de cas recensés de souffrance psychique liée au travail, encore appelé syndrome d’épuisement professionnel ou burn-out. C’est tout à fait logique puisque le mal existe depuis le XIX ème siècle. Toutefois, cette prise de conscience ne saurait vraisemblablement être la cause de ce mal chronique lié au travail.
La faute aux nouveaux managers ?
L’une des raisons avancées pour expliquer l’explosion des cas de burn-out s’avère le fait que la hiérarchie directe des salariés soit désormais assurée par des managers qui, en général, n’ont aucune connaissance des contraintes des différents métiers techniques, industriels ou de production, contrairement à un ingénieur. Ainsi, coupés de la réalité du terrain, ces managers seraient plutôt enclins à demander plus qu’il ne le faut aux travailleurs. Ce qui conduirait à une phénoménale surcharge de travail due, entre autres, à une faible autonomie à l’ouvrage, à des injonctions contradictoires, à un manque de soutien social ou professionnel.
Or, le syndrome d’épuisement professionnel qui découle d’une surcharge de travail intense et durable, provoque un ensemble de malaises si profonds que certains travailleurs qui en sont victimes, en arrivent au suicide. Ce fut le cas d’un ingénieur chez Renault. Mais, de façon objective, les managers ne sauraient porter seuls ce chapeau pesant puisqu’ils sont eux-mêmes salariés souvent en proie aussi au burn-out, et purs produits du système capitaliste.
Tiana est une passionnée de yoga et de méditation depuis de nombreuses années. Elle a commencé à pratiquer le yoga pendant ses études universitaires, ce qui l’a aidée à gérer son stress et à se connecter à son corps.