Après avoir longtemps souffert de son affiliation au cannabis, le cannabidiol, ou CBD, bénéficie d’une belle réhabilitation au gré des conclusions prometteuses des études scientifiques à son sujet. La molécule non psychotrope et non addictive fait son chemin dans les protocoles thérapeutiques et pourrait bien intégrer la pharmacopée à (très) court terme. Explication…

Le CBD : l’alternative non psychotrope au cannabis thérapeutique ?

Dans la communauté scientifique, les propriétés thérapeutiques du cannabis sont avérées depuis plusieurs décennies : effet antalgique, soulagement des nausées liées au cancer, action contre la rigidité et la spasticité musculaire de la sclérose en plaques, effet antidépresseur, etc. Ce papier du docteur Jesus Cardenas sur Doctissimo explique très bien le profil thérapeutique du cannabis. En revanche, ce potentiel médical n’a jamais été véritablement exploité pour plusieurs raisons :

  • A cause de la présence du Tétrahydrocannabinol, ou THC, le cannabis a un effet psychoactif (ou planant). Le risque d’addiction chez les patients traités est donc très élevé ;
  • La culture, l’approvisionnement et le transport du cannabis présentent des risques évidents. Le trafic de drogue cause chaque année des dizaines de milliers de morts partout dans le monde ;
  • Pour des raisons éthiques.

Depuis l’isolement de la molécule de CBD par le chimiste Roger Adams en 1940, cette molécule non psychotrope et non addictive a fait l’objet d’un certain engouement de la part des chercheurs. Mais ce n’est qu’au début de l’année 2010 que les scientifiques ont commencé à envisager le CBD pour enfin exploiter certaines propriétés thérapeutiques du cannabis. Depuis, les études se sont multipliées, avec le plus souvent des résultats plutôt prometteurs.

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Ces études scientifiques qui pourraient intégrer le CBD à la pharmacopée

Connu pour ses propriétés antalgiques, anti-inflammatoires et apaisantes, le CBD a fait l’objet de plusieurs essais cliniques dans les applications du sommeil, du soulagement de la douleur, du rééquilibrage hormonal et du traitement de certaines neuropathies réfractaires aux traitements disponibles. Voici quelques exemples :

  • Les travaux du professeur Orrin Devinsky, Directeur du NYU Comprehensive Epilepsy Center et figure majeure de la recherche scientifique sur les neuropathies, ont mis en avant le potentiel intéressant du CBD en la matière. Les expériences du professeur, relayées en 2018 par les revues spécialisées, ont montré que l’huile de CBD de fabrication contrôlée (10 %) pouvait réduire la fréquence des crises atoniques de 42 % chez les enfants atteints du syndrome épileptique de Lennox – Gastaut. Dans la même expérience, le CBD a réduit de moitié le nombre de crises d’épilepsie chez les enfants atteints du syndrome de Dravet.
  • Dans cette étude clinique, le CBD a amélioré les scores de stress chez 79,2 % des participants et a permis d’améliorer la qualité du sommeil chez 66,7 % d’entre eux. Aussi, le CBD a permis de réduire la fréquence et l’intensité des troubles du sommeil paradoxal comme la verbalisation nocturne et les spasmes musculaires.
  • Une étude clinique a mis en exergue l’effet adaptogène du CBD sur la fonction thyroïdienne. La molécule permettrait en effet de stimuler la thyroïde chez les patients souffrant d’hypothyroïdie et de réguler la fonction thyroïdienne chez les patients souffrant d’hyperthyroïdie.
  • Une étude menée par des chercheurs de l’université James Madison a démontré la capacité du CBD à réduire drastiquement les douleurs associées aux menstruations à raison de 160 mg par jour pendant la semaine menstruelle.
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Vous pouvez consulter ce guide détaillé pour en apprendre davantage sur le CBD.

CBD : la grande expérimentation du ministère de la Santé

En dépit de ces conclusions prometteuses, ces études et essais cliniques se limitent le plus souvent à des effectifs réduits, voire échantillonnaires. C’est sans doute ce qui a poussé le ministère de la Santé et des Solidarités à lancer une grande expérimentation pour évaluer le potentiel thérapeutique du cannabidiol et du THC avec un large échantillon de 3 000 patients.

Cette étude, dont le coup d’envoi a été donné en mars 2021 par Olivier Véran, ex-ministre de la Santé, devrait explorer le potentiel de ces deux molécules dans les indications définies par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), à savoir les douleurs associées à certaines formes de cancer, les symptômes oncologiques rebelles, les symptômes des épilepsies résistantes aux traitements disponibles, la spasticité douloureuse de la sclérose en plaques ou encore dans une configuration de soins palliatifs.

Les résultats de cette expérimentation ambitieuse pourraient bien garantir au cannabidiol une place dans la pharmacopée à court terme.