L’homéopathie est une discipline médicale alternative dont l’approche thérapeutique repose sur le principe de la similitude. Une substance qui produit des symptômes similaires à ceux d’une maladie, peut être utilisée pour traiter efficacement cette même maladie. Les Français sont friands d’homéopathie en raison de ses effets bénéfiques notables. Mais depuis que le Système national de la santé du Royaume a décidé de mettre fin au remboursement des remèdes homéopathiques, un débat est né dans l’Hexagone sur la nécessité de continuer à rembourser ces remèdes dont l’efficacité régulièrement décriée. Alors, faut-il continuer de rembourser les traitements homéopathiques ?
Qu’est-ce que l’homéopathie ?
L’homéopathie est une forme naturelle de médecine utilisée par plus de 200 millions de personnes dans le monde pour traiter des maladies aiguës et chroniques. Elle est basée sur le principe des cures similaires. En d’autres termes, une substance consommée en petites quantités guérira les mêmes symptômes qu’elle produit quand elle est consommée en grande quantité.
La nature holistique de l’homéopathie signifie que chaque personne est traitée comme un individu unique et que son corps, son esprit et ses émotions sont tous pris en compte dans la gestion et la prévention de la maladie.
Les médicaments homéopathiques sont sûrs car ils provoquent rarement des effets secondaires. Cela signifie que lorsqu’ils sont utilisés de manière appropriée sous la direction d’un homéopathe qualifié, ils peuvent être pris par des personnes de tout âge, y compris les bébés, les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes.
L’homéopathie est-elle efficace ?
Pour les homéopathes, l’efficacité de l’homéopathie est avérée. Pour preuve, ses traitements sont quasiment plébiscités par ses utilisateurs.
En dépit des allégations des homéopathes, de nombreuses revues scientifiques ont indiqué que les principes sur lesquels est basée l’homéopathie sont scientifiquement invraisemblables.
Selon l’Académie des sciences de la Russie, les principes de l’homéopathie sont en contradiction avec les lois gouvernant la chimie, la physique et la biologie. Des essais scientifiques convaincants démontrant son efficacité ne sont pas disponibles.
Pour le Conseil national de la santé et de la recherche médicale de l’Australie, l’homéopathie ne doit pas être utilisée pour traiter des problèmes de santé chroniques, graves ou qui pourraient devenir graves. Les personnes qui choisissent l’homéopathie risquent de compromettre leur santé si elles rejettent ou retardent des traitements pour lesquels il existe de bonnes preuves en matière d’innocuité et d’efficacité.
Pour Santé Canada, ces produits ne sont pas étayés par des preuves scientifiques et pour l’Académie hongroise des sciences, les remèdes homéopathiques ne répondent pas aux critères de la médecine factuelle. L’Académie suédoise des sciences a conclu que l’incorporation de produits anthroposophiques et homéopathiques dans la directive suédoise sur les médicaments irait à l’encontre de plusieurs principes fondamentaux relatifs aux médicaments.
Pourquoi le remboursement des remèdes homéopathiques fait-il débat ?
Le 27 juillet 2018, des médecins français ont contesté l’efficacité de l’homéopathie et remis en question sa place dans le secteur de la santé.
Le débat intervient après que 124 praticiens de la santé aient signé une lettre ouverte au journal Figaro Vox appelant à l’interdiction des « médecines alternatives » au sein de la profession médicale. Les auteurs ont qualifié les pratiques de dangereuses, fantasmatiques et sans fondement scientifique.
La lettre ouverte disait que l’homéopathie n’a aucune base scientifique. L’une des principales préoccupations de la lettre était que, si l’homéopathie était acceptée comme pratique médicale normale, des fonds pourraient lui être alloués, au détriment d’autres traitements.
Certains de ces traitements sont couverts par une assurance médicale. Les produits homéopathiques peuvent être remboursés à hauteur de 30%, voire même 90% en Alsace-Moselle, mais avec une clause de non-responsabilité dérogatoire les dispensant de prouver leur efficacité.
Les auteurs de la lettre, qui ont maintenant lancé le site web et le groupe #FakeMed, ont appelé à ce qu’on interdise aux praticiens homéopathes de se présenter en tant que médecins. Ils ont aussi exigé que certains diplômes de cette discipline soient supprimés.
Quels sont les enjeux ?
L’homéopathie est une pratique très répandue en France. Selon une étude Ipsos révélée par Le Parisien le vendredi 9 novembre 2018, 77% des habitants de l’Hexagone auraient recours à l’homéopathie. Selon les experts, le marché des remèdes homéopathique pèserait 620 millions d’euros.
Durant le sondage, 71% des sondés ont estimé que les remèdes homéopathiques n’étaient pas en opposition avec les médicaments classiques. Pour 83% d’entre eux, il est légitime qu’un médecin puisse les prescrire. L’étude indique que 70% des sondés les utilisent comme premiers soins.
La France abrite Boiron, le plus grand fabricant et distributeur de remèdes homéopathiques au monde. Elle a toujours été considérée comme un ami de cette branche particulière de la médecine complémentaire.
Certains remèdes homéopathiques sont éligibles à un financement public en France sous forme de remboursement des frais de prescription. Une étude, par exemple, a révélé que sur une période de 12 mois en 2011-2012, 6.705.420 patients avaient reçu au moins un remboursement pour une préparation homéopathique. La même étude a révélé que 120.110 médecins, soit 43,5%des professionnels de la santé avaient prescrit une préparation homéopathique au cours de cette période.
L’union nationale des médecins homéopathes a porté plainte contre les auteurs de la lettre. Cela a suscité une enquête de l’autorité nationale de la santé sur l’efficacité de l’homéopathie.
La SECU va-t-elle continuer à rembourser les remèdes homéopathiques ?
Ce n’est pas la première fois que le remboursement des remèdes homéopathique est mis en cause. En 2003, les récriminations des spécialistes de la santé avait conduit les autorités sanitaires à baisser le taux de remboursement de 65 à 35%. En 2011, le taux de remboursement avait subi un nouveau coup de rabot, passant de 35 à 30%.
Face à cette nouvelle polémique, la Haute Autorité de la santé a diligenté une étude complète afin d’évaluer l’efficacité des remèdes homéopathiques. Cependant, la guerre fait rage et chaque partie s’organise afin de s’attirer les faveurs de l’opinion.
Les patients se sont impliqués dans la bataille et de nombreuses pétitions ont été lancées. En dépit des résultats des études scientifiques, nombreux sont les patients qui soutiennent que les remèdes homéopathiques sont efficaces et qu’arrêter leur remboursement serait injuste.
En avril 2019, le système britannique de sante, le National Health System cessera de rembourser les médicaments homéopathiques. Beaucoup d’autres pays ont déjà suivi cette voie, estimant que cette médecine alternative n’avait aucun impact sur la santé. Cette spécialité existe depuis plus de 200 ans. Si dans cet intervalle, ses spécialistes n’ont pas pu prouver son efficacité, alors continuer à rembourser ces remède n’aurait aucun sens. Or, malgré l’absence de preuves scientifiques, l’homéopathie est plébiscité par ses utilisateurs.
Sources :
- https://www.britishhomeopathic.org/homeopathy/what-is-homeopathy/
- https://www.capital.fr/polemik/la-secu-doit-elle-maintenir-le-remboursement-de-l-homeopathie-1294814
- https://health.spectator.co.uk/the-debate-about-homeopathy-is-over-these-verdicts-prove-it/
- http://www.leparisien.fr/societe/sante/remboursement-de-l-homeopathie-la-guerre-entre-pro-et-anti-s-amplifie-07-08-2018-7846329.php
- https://edzardernst.com/2018/04/finally-an-official-statement-about-homeopathy-from-a-french-health-minister/
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille/lille-pourquoi-faculte-medecine-suspend-son-diplome-homeopathie-1533902.html
Jérôme est un yogi passionné depuis une dizaine d’années. Depuis, il pratique le yoga quotidiennement et a suivi de nombreuses formations pour approfondir sa pratique et ses connaissances.