En 2015, les Français ont dépensé 10,7 milliards d’euros en soins dentaires, un chiffre en nette augmentation par rapport à l’année précédente. Si en 2017, les dépenses dentaires par adulte s’élevaient à 169 euros annuels, le reste à charge (RAC) reste conséquent car évalué à 72,4% avant complémentaire santé. Pose d’un implant dentaire, d’un pont dentaire et d’un inlay, ou encore simple détartrage ou plombage… la prestation des dentistes et orthodontistes français peut parfois dégarnir tout un portefeuille. Sachant que ces soins dentaires ne sont pas vraiment remboursés par la Sécurité sociale et l’Assurance-maladie, leur coût peut varier largement d’une ville à l’autre voire d’un cabinet dentaire à un autre. Des pratiques tarifaires excessives ont même été observées dans certaines villes françaises, d’après le bilan dressé par le magazine 60 millions de consommateurs. Pourquoi il y a tant d’écarts entre les pratiques tarifaires des cabinets et cliniques en France ? Pourquoi les prix des soins dentaires varient-ils du simple au double, voire au triple ? Décryptons dans cet article les dessous du marché de la dentisterie française.

Les écarts de prix entre les praticiens

En France, les tarifs varient de 30% d’une ville à l’autre : si la pose d’une couronne métallique coûte en moyenne 520 euros à Nîmes, elle peut être facturée jusqu’à 710 euros dans un cabinet dentaire à Paris. Mais l’on observe l’écart de prix non seulement entre les métropoles mais surtout entre les praticiens eux-mêmes. Si un dentiste facture, par exemple, un implant dentaire à 1250 euros, un autre praticien peut le facturer à 2300 euros. La raison de ces flagrantes différences de prix ? La tarification des dispositifs d’interventions dentaires est laissée à la libre appréciation des professionnels de santé.

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Or, les Français dépensent une dizaine de milliards d’euros pour les soins dentaires, une importante somme dont moins d’un tiers est remboursé par la Sécurité sociale. Le reste à charge demeure important : près de 3 milliards d’euros doivent être fournis par les patients après le remboursement de la Sécurité sociale et des complémentaires santé. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé en janvier 2018 la politique du « reste à charge zéro » visant à prendre en charge l’intégralité de certains soins, dont les interventions dentaires. Une réforme qui prend encore du temps à se concrétiser.

Moulage de dents

Les différences de prix sont-elles justifiées par la qualité des produits ?

Les laboratoires de prothèses vendent entre 100 et 300 euros une pièce de couronne en fonction du matériau (céramo-métallique ou zircone) : une marchandise qui revient finalement très chère au patient qui, lui, doit payer entre 700 et 1500 euros. Bien entendu, à ce coût de revient du dispositif s’ajoute la rémunération de la prestation du praticien.

Les implants dentaires, quant à eux, peuvent coûter entre 2500 et 3200 euros suivant la technologie de fabrication. Et là encore, la rémunération du médecin dentiste peut très faire monter le prix total à 4500 et 6000 euros en fonction des cabinets dentaires. Mais ces marges de bénéfices ne sont-elles pas excessives ?

Bien sûr, du côté des praticiens, on se défend car au prix de revient du matériau doit s’ajouter systématiquement la prestation du médecin. Et dans le métier de dentiste, c’est le « doigté » qui compte le plus. Ainsi, au diplôme de praticien s’ajoute le savoir-faire qui constitue un autre facteur de ces différences de prix. Et il faut aussi considérer les frais et charges fixes ou variables supportées par le praticien dans l’exercice de ses fonctions. Ces charges varient suivant la région, la ville ou la localisation du cabinet, l’investissement sur l’infrastructure et l’équipement ainsi que la qualité globale du service.

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Les différences de prix entre les régions

Si les frais des soins dentaires sont en constante augmentation depuis 2016, les prix de la prestation tendent également à fluctuer suivant les régions. En effet, le prix moyen d’une couronne céramo-métallique est de 537 euros dans le grand Ouest et en Bretagne, tandis que dans la région parisienne, la même pièce métallique ne s’achète pas à moins de 650 euros. De même, l’implant dentaire n’échappe pas à la règle, puisqu’en Auvergne Rhône-Alpes, il est tarifé à 1280 euros au maximum, alors que le dispositif de même qualité s’achète à 1980 euros en Bourgogne Franche-Comté. D’une manière générale, ce sont les régions Ile-de-France et Provence-Alpes Côte d’Azur qui font partie des mauvais élèves dans la tarification des soins dentaires. En revanche, la Bretagne et le Pays de la Loire brillent par leurs frais dentaires jugés les moins onéreux en France.

Dent arrachée par le dentiste

Comment réduire ses frais de soins dentaires ?

Si les frais des soins dentaires sont en constante augmentation depuis 2016, les prix de la prestation Quelles que soient les raisons qui motivent ces écarts de prix, les patients s’insurgent contre ces dérives des praticiens qui n’en finissent pas de vider leur portefeuille. De ce fait, pour maîtriser leurs dépenses en soins dentaires, en particulier le montant du « reste à charge », le magazine 60 millions de consommateurs recommande donc aux patients de faire jouer la concurrence. Les personnes qui cherchent à se soigner devront prendre le temps de demander plusieurs devis et de comparer les tarifs entre différents praticiens et entre plusieurs villes. Certains pays, comme l’Espagne ou la Hongrie, offrent des tarifs de soins deux fois inférieurs aux frais dentaires pratiqués dans l’Hexagone. Cela a conduit quelques milliers de Français à chercher une solution radicale pour limiter les dépenses : se faire soigner à l’étranger. Mais quoi qu’il en soit, les dents et les portefeuilles risquent encore de souffrir, en attendant la réalisation effective du projet de plafonnement du prix des dispositifs orthodontiques ainsi que l’application de la prise en charge intégrale des soins dentaires.